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mercredi 1 décembre 2010

" -Tu te souviens comme on se moquait d'habitude de ceux qui disent " bon il faut qu'on se parle ? " il m'a dit, couché sur le lit, ses baskets neuves aux pieds. -Oui, pourquoi ? -Parce qu'il faut qu'on se parle, là, c'est idiot mais il faut qu'on se parle. Il avait le menton qui tremblait, il avait l'air qu'il a quand il a une sale note, ou quand il s'est disputé avec son père, ou... Non, en fait, il n'a jamais eu le menton qui tremble comme ça, il n'a jamais eu cet air-là, et je lui demande, tout bas, au bord des larmes, en osant à peine poser la question, en n'osant pas entendre la réponse, -il faut qu'on se parle, mais de quoi ? Et, comme il hésite, -allez, allez, dis-le ! Je crie, debout soudain près de lui. Je viens de comprendre, en fait, et je le déteste d'avoir compris, -dis-le ! dis-le ! -La semaine dernière (il tousse, il prend une cigarette, cherche du feu, n'en trouve pas, repose la cigarette) - La semaine dernière, tu portais ta robe verte, tu sais, celle qui fait se retourner les gens dans la rue et qui me rend toujours si fier. Tu m'as dit: "ça y est, je suis guérie, je vais bien, je vais tellement bien qu'on va pouvoir enfin s'aimer bien, je n'ai plus peur que tu me quittes", tu t'en souviens ? -Bien sûr que je m'en souviens. Je pense, je me sentais si forte, ce jour-là, j'avais arrêté les amphètes depuis un an, je ne lisais plus son journal intime, je ne parlais plus en dormant, et c'est vrai que je n'avais plus peur qu'il me quitte, et c'est vrai que c'était une drôle de bonne nouvelle, ça voulait dire que la vie allait être plus légère, c'est tellement important la légèreté. Je ne réponds pas, pourtant je suis trop atterrée par ce que je suis en train de comprendre et c'est lui qui reprend, -eh bien je pars, voilà, je m'en vais, c'est ça le truc que je voulais te dire."

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